Mattéo RUBERTI, le triathlon comme thérapie
Retrouvez ci-dessous le très bel interview réalisé par la FFTRI sur notre athlète Mattéo RUBERTI, licencié au Comité Sportif du Lac des Sapins.
Âgé de 23 ans, Mattéo Ruberti est atteint d’autisme depuis son plus jeune âge. Il a réussi à surmonter son handicap grâce à la pratique du triathlon. Il nous en dit plus dans l’interview qui suit.
Peux-tu te présenter en quelques mots ?
J’ai 23 ans, je suis en Bac Pro paysagiste, j'habite à Sevelinges dans la Loire et je suis licencié dans un petit club qui s'appelle Comité Sportif du Lac des Sapins où est d'ailleurs organisé chaque année le triathlon du Lac des Sapins à Cublize.
As-tu pratiqué d'autres sports avant le triathlon ? Si oui, lesquels ?
Tout petit j'ai essayé le judo, l'école de cyclisme et le tennis.
Tu es atteint d'autisme. Peux-tu nous en dire plus sur ta maladie ?
Mon handicap est l'autisme. Petit, j'étais en retard de langage et j'étais souvent seul dans mon coin, je n'allais pas vers les autres. J'avais beaucoup de blocages et de peurs. Maintenant, j'ai réussi à surmonter grâce au sport beaucoup de mes appréhensions, mais mon principal handicap dans l'autisme reste la concentration. J'ai besoin de beaucoup d'outils et de paramètres pendant mes triathlons pour ne pas perdre le fil de ma concentration pendant l'effort. J'ai également besoin de quelqu'un pour s'occuper de mes affaires, penser à tout car sinon j'oublie une grande partie de mes affaires. J'ai besoin d'automatismes et de répétitions pour garantir une certaine autonomie.
Depuis quand pratiques-tu le triathlon ? Comment es-tu venu à la discipline ?
J'ai commencé le triathlon en 2015 directement par une épreuve, celle du triathlon de Bourg-en-Bresse. Quelqu'un nous a fait découvrir cette discipline que je ne connaissais pas du tout et cela m'a tout de suite plu.
Comment as-tu fait pour gérer ta maladie lors de tes premières compétitions ? Es-tu beaucoup plus à l'aise aujourd'hui ? Es-tu en mesure de courir à 100 % de tes possibilités ?
J'ai eu la chance d'avoir mon papa qui a joué le rôle de guide jusqu'à fin 2023. Dans un premier temps, je n'arrivais pas à faire du vélo tout seul donc nous étions en tandem car je n’arrivais pas à me concentrer sur plusieurs choses comme le freinage, les vitesses, les autres concurrents et les bruits qui m'entourent.
En 2019, je me suis lancé et j'ai commencé à faire les triathlons avec un vélo de course, tout en étant encore guidé par mon papa qui restait derrière moi et qui me recadrait lorsque je me déconcentrais.
Et ensuite tout à été très vite, j'ai pris confiance en moi et en 2024, je me suis lancé tout seul sur les triathlons. Ma première expérience en solo a été l'Ironman 70.3 d'Aix-en-Provence où j'ai réussi à obtenir mon slot en groupe d'âge 18-24 ans avec les valides pour le Championnat du monde de Taupo en Nouvelle Zélande. Aujourd'hui, je me prépare vraiment pour aller chercher la performance, des verrous ont sauté dans ma tête. Je n’ai presque plus d'appréhension, sauf peut-être encore un peu en descente lorsque ça va vraiment vite ou que c'est trop technique. Mais je ne pense pas être encore à 100 % de mes possibilités. Je peux encore beaucoup progresser, notamment en natation ou lors des transitions pour gagner du temps.
Combien d'épreuves as-tu au compteur depuis tes débuts ? Quelles sont les trois performances dont tu es le plus fier ?
Je n'ai aucune idée du nombre d'épreuves que j'ai pu faire depuis mes débuts. Cependant, je sais que pour être performant, je dois enchaîner les compétitions. C'est le côté répétitif qui fait que je progresse. Ma plus grosse fierté date de fin mars. Ce jour-là, j’ai effectué mon premier Full Ironman. Je n'avais aucune idée de comment j'allais réagir sur une si longue épreuve, même si je m'étais bien préparé.
Au final, je gagne dans mon groupe d'âge en 18-24 ans avec un chrono de 10h53’, obtenant ma sélection pour le Championnat du monde de Nice en septembre. Je suis très fier car en plus d'avoir gagné, je suis le premier athlète handisport à remporter un Ironman avec les valides et à obtenir ma sélection pour le championnat du monde. En deuxième, je citerai bien sûr ma prestation au Championnat du monde 70.3 2024 en Nouvelle-Zélande (60e place en groupe d'âge). Et en troisième position, mes deux victoires au Championnat de France de Para triathlon en catégorie PTS7. Jusqu'à maintenant il était appelé Challenge national car la catégorie handicap mental n'était pas officielle, mais à partir de 2025, elle devient officielle. Ce sera désormais un titre de Champion de France et je compte bien le garder.
Quels sont tes objectifs pour l'année à venir ?
J'ai plusieurs objectifs comme par exemple obtenir une sélection pour le Championnat du Monde Ironman à Hawaii. Mais ce que j'aimerais vraiment avant tout, c'est que ma catégorie soit créée au niveau mondial et qu'elle soit ajoutée au programme des Jeux Paralympiques de Los Angeles. Avec mon papa Frédéric, nous essayons d'ouvrir des portes pour faire bouger les choses, mais c'est très compliqué. Certains nous disent que c'est possible et d'autres que cela sera trop juste et que ce n'est pas une priorité. Mais moi, d’où je viens en seulement quelques années, je sais que tout est possible. Je ne peux donc pas croire qu'en 4 ans, une catégorie ne peut pas être créée et ajoutée au programme paralympique. Comme dit le proverbe, quand on veut, on peut !!! Et pour ajouter un troisième objectif, peut être un jour être reconnu pour un sportif professionnel malgré mon handicap.
Si tu avais des conseils à donner à un autiste qui souhaite se mettre au triathlon, quels seraient-ils ?
Mes trois conseils sont les suivants :
- Ne pas se sous-estimer et croire en soi. Le triathlon est une très bonne école pour gagner en autonomie et progresser dans sa vie personnelle
- Entrer en contact avec les organisateurs d'épreuves pour les informer de son handicap car l'autisme fait partie des handicaps invisibles. Les organisateurs font toujours le maximum pour mettre le paratriathlète dans de bonnes conditions, notamment pour les départs natation, en cas d'appréhension
- Ne pas hésiter à se lancer au début avec un guide qui sera là pour veiller que tout se passe bien et prend soin de l'athlète.
- Faire un appel à un entraîneur qui donnera des programmes adaptés au handicap. Pour ma part, j'ai fait appel à Patrick Bringer et j'en suis très heureux.
As-tu d'autres passions que le triathlon ?
Les jeux vidéo. Je suis fan de Xbox.
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